Une fois abattu et découpé, un agneau de pâturage fournit 43 livres de viande (flanc roulé, côtelette, rôti d’épaule...). Cela équivaut à environ 260 portions de viandes et substituts du Guide alimentaire canadien!
Qui a dit qu’une formation universitaire de pointe en économie est de peu d’utilité pour réussir en agriculture, locale et durable de surcroît? Sûrement pas Gert Janssens, cofondateur de la Ferme d’ORée, située à Cookshire-Easton, et ancien étudiant au doctorat au Département de sciences de la décision de HEC Montréal.
«Je m’intéressais notamment à la théorie des jeux. Même si j’ai interrompu mon parcours académique avant la fin, celui-ci teinte forcément la manière dont nous administrons la ferme», explique celui qui produit et vend du bœuf nourri à l’herbe, de l’agneau, du poulet et du porc de pâturage, des œufs frais, du miel non pasteurisé et des paniers de légumes certifiés biologiques.
«Nous avons commencé avec très peu de connaissances techniques du domaine, mais nous avons développé une expertise unique. Aujourd’hui, nous sous-contractons plusieurs tâches à faible valeur ajoutée», continue-t-il. Lui et sa partenaire d’affaire Sarah Hui, qui est aussi sa conjointe, amassent des tonnes de données sur leurs activités. Cela leur permet de calculer divers ratios financiers et indicateurs, comme la marge bénéficiaire et la rentabilité de chacune des étapes de production de la ferme, auxquels ils se fient ensuite pour orienter leurs décisions.
Cette approche atypique leur sourit. En 2021, la Ferme d’ORée a migré avec succès d’un modèle de vente directe sur place à celui d’une boucherie virtuelle. Loin d’être décontenancée, la clientèle a plutôt emboîté le pas, alléchée, semble-t-il, par la qualité supérieure de la viande. «Nous avons réussi à rentabiliser notre entreprise dans un secteur très difficile. En ce moment, nous n’avons plus aucune dette à notre actif», s’enorgueillit Gert Janssens.